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PRISMA

موشور الأفكار

Akufi nt Tikta

Observatoire de la transformation sociale en Algérie

Etat de la société

Introduction

L’Algérie est un pays qui a connu de profondes transformations sociales au cours des dernières décennies. Ces changements sont reflétés dans les différents indicateurs démographiques, socio-économiques et culturels du pays.

En termes de démographie, l’Algérie a connu une croissance importante de sa population, passant de 11 millions d’habitants en 1960 à plus de 44 millions aujourd’hui. Cette croissance a été influencée par des facteurs tels que la baisse de la mortalité infantile, l’augmentation de l’espérance de vie et la migration interne. En outre, la composition de la population algérienne a également changé, avec une proportion croissante de jeunes et une diminution de la taille moyenne des ménages.

Sur le plan socio-économique, l’Algérie a connu une croissance économique importante depuis son indépendance en 1962, grâce à la richesse de ses ressources naturelles, en particulier les hydrocarbures. Cette croissance a permis de réduire la pauvreté et d’améliorer les conditions de vie de la population. Cependant, malgré cette croissance économique, le pays est confronté à des défis socio-économiques importants tels que le chômage, l’inflation et les inégalités.

D’autres facteurs ont également contribué aux transformations sociales en Algérie, notamment les changements culturels et les progrès technologiques. Les avancées dans les technologies de l’information et de la communication ont joué un rôle important dans la diffusion des idées et la transformation des modes de vie.

Dans l’ensemble, les indicateurs démographiques, socio-économiques et culturels de l’Algérie ont connu des transformations significatives au cours des dernières décennies. Cependant, ces changements ont également engendré des défis et des inégalités qui doivent être adressés pour assurer un développement durable et inclusif pour tous les Algériens.

INDICATEURS DÉMOGRAPHIQUES

STRUCTURE DE LA POPULATION

La structure de la population désigne la composition de la population selon diverses caractéristiques démographiques (sexe, âge, état civil, nationalité, etc.), considérées isolément ou en association

Population totale et son accroissement

Au 1er Janvier 2021, la population totale de l’Algérie est estimée à 44,70 millions d’habitants avec un excèdent naturel 837 000 personnes soit un taux d’accroissement naturel (TAN) équivalent à 1,93 %.

La structure par âge et sexe de la population

La répartition de la population résidente par groupe d’âge et sexe en 2019 est  :

  • L’âge moyen de la population continue de croître sous l’effet de l’allongement de l’espérance de vie à la naissance, passant de 28,0 ans à 29,4 ans entre 2009 et 2019, alors que l’âge médian est passé de 24,5 ans à 27,7 ans au cours de la même période
  • La part de la population en âge d’activité (15 à 59 ans) continue d’enregistrer un fléchissement,  elle est de 60,0%, en  2019.
  • Le part des personnes âgées de 60 ans et plus est passée à 9,5% au cours de cette même période. En volume, elle atteint un effectif de 4 139 000 personnes, franchissant pour la première fois le seuil de 4 millions de personnes.
  • Le volume de la population féminine en âge de procréer (15-49 ans) a atteint 11,0 millions, soit une quasi-stagnation.
  • La répartition par sexe, fait ressortir une légère prédominance de la population masculine qui représente 50,7% de la population totale.
  • Croissance de la population 

La fécondité particulièrement élevée des décennies antérieures combinée à la baisse de la mortalité infantile a occasionné, un fort taux de croissance de la population. La population algérienne a été multipliée par 4,6 malgré les pertes en vies humaines résultant de la guerre de libération nationale. Aussi malgré la baisse drastique relativement rapide de la fécondité dû la croissance de la population est jusqu’à ce jour à un niveau relativement élevé, 1.5%  en moyenne par an. Comparativement à la situation des années 1960, 1970 et 1980, le taux de croissance de la population a été divisé par 2 ces dernières années.  Dans les prochaines années il va connaître un taux annuel moyen supérieur à 1%. Ainsi; il faudra attendre les années 2030 pour que le taux de croissance descend en dessous de ce seuil et soit inférieur ou égal à 0 5% de croissance annuelle. En effet, les femmes en âge de procréer du fait de l’importance de leur effectif donneront un plus grand nombre de naissances malgré la baisse du nombre d’enfants par femme. 

  • Structure de la population 

La caractéristique principale de la population algérienne et l’extrême jeunesse, qui est à la fois un atout et un handicap. La population âgée de moins de 30 ans représente plus de la moitié de la population totale.

La fraction de la population âgée de 15 à 24 ans, des individus qui rentrent dans la vie adulte, et celle dans les besoins pèsent le plus lourdement sur la société. Les besoins en formation, en instruction, en emploi et en logement (la nucléarisation des ménage) accentuent les tensions sociales. Ces populations jeunes sont confrontées à de forts taux de chômage et alimentent les flux migratoires majoritairement vers l’Europe

Ces changements démographiques (baisse de la fécondité et allongement de la durée de vie) ont occasionné et présagent des modifications importantes dans la structure par âge de la population. La proportion de jeunes (0-15 ans) dans la population totale diminue tandis que celle des personnes âgées connaît un accroissement sensible.

Population et vieillissement : 

Bien qu’il soit trop tôt pour parler de vieillissement, la population âgée de 65 ans et plus devrait connaître une progression importante à partir de 2035. Comptant 1,7 million aujourd’hui, elle pourrait être trois fois plus nombreuse dans vingt-cinq ans (5 millions en 2035). En 2035, près de 1 Algérien sur 10 aura plus de 65 ans alors qu’ils sont aujourd’hui un peu moins de 1 sur 20 à être dans cette tranche d’âge. À titre comparatif, rappelons que les 65 ans et plus représentent 16 à 20 % de la population en Europe.

L’indice de vieillissement de la population se mesure généralement en rapportant la population des 65 ans et plus à la population en âge d’activité (15-64). 

L’indice de dépendance qui rapporte la population non active (0-17 ans et plus de 65 ans) à la population active (18-64 ans) a quant à lui connu une hausse dans les années 1970. Puis, à partir de la décennie 1980, il a entamé une période de baisse qui s’est prolongée jusqu’en 2010. L’indice devrait se stabiliser jusqu’en 2050. Ainsi, il y a pratiquement deux personnes actives pour une personne non-active. Cet indice ne prend pas en compte la composition de la population active qui exclut une grande partie de la population féminine en âge d’activité. Les taux seraient, dans ce cas beaucoup plus élevés en début de période ; le taux d’activité des femmes s’élevant par la suite la différence serait atténuée.

Etat de la transition démographique algérienne

Avant d’aller dans le détail de l’analyse de l’impact des changements des structures sociales, nous commençons par exposer l’état de la transition démographique algérienne et la structure de la population qui va mettre le cadre pour comprendre le contexte des transformations sociales

  • Rappel de définition : 

La transition démographique désigne le passage d’un régime traditionnel où la fécondité et la mortalité sont élevées et s’équilibrent à peu près, à un régime où la natalité et la mortalité sont faibles et s’équilibrent également. La première phase de la transition démographique se caractérise par la baisse de la mortalité (notamment infantile). La deuxième phase de la transition démographique est caractérisé par un niveau de fécondité converger vers le seuil de renouvellement de la population (2.1 enfants par femme). La transition démographique s’achève avec la fin de la transition de la fécondité ; c’est-à-dire le moment où les couples prennent en main le nombre de leur descendance par l’usage de la contraception. 

  • Taux de mortalité. Le taux de mortalité est le rapport du nombre de décès de l’année à la population totale moyenne de l’année. Il sert à l’étude de la démographie, de pair avec la natalité et la fécondité. Il renseigne en particulier sur les conditions sanitaires générales d’un pays. Il peut être étudié par classe d’âge avec, par exemple, le taux de mortalité infantile (moins d’un an) et le taux de mortalité juvénile (moins de cinq ans). La mortalité infantile notamment dans sa composante néonatale et juvénile constitue désormais un des meilleurs indices pour rendre compte de l’état sanitaire d’un pays et de son niveau de développement social.
  • Taux de fécondité. Le taux de fécondité à un âge donné (ou pour une tranche d’âges) est le nombre d’enfants nés vivants des femmes de cet âge au cours de l’année, rapporté à la population moyenne de l’année des femmes de même âge. Par extension, le taux de fécondité est le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année à l’ensemble de la population féminine en âge de procréer (nombre moyen des femmes de 15 à 49 ans sur l’année). À la différence de l’indicateur conjoncturel de fécondité, son évolution dépend en partie de l’évolution de la structure par âge des femmes âgées de 15 à 49 ans.

 

Etat de la transition en Algérie : 

Selon les différents chiffres recueillie au sujet de l’état la mortalité, la fécondité et la croissance de la population algérienne nous pouvons conclure que l’Algérie commence à rentrer dans la phase finale de la transition démographique, avec une mortalité faible et un début de fléchissement du taux de fécondité qui converge vers le seuil minimum de renouvellement de la population. 

  • Phénomène N°1 : baisse de la mortalité. 

La mortalité a beaucoup reculé en Algérie. Dans les années 50, l’espérance de vie à la naissance, le nombre moyen d’années que pouvait espérer vivre un Algérien n’était que de l’ordre de 50 ans.

Aujourd’hui elle atteint 77 ans ou plus. La  baisse de mortalité est un indice sur l’état général de la santé de la population mais il est aussi un facteur de sécularité d’un point de vue mental.

 

La mortalité générale

  • L’année 2019 a connu l’enregistrement de 198.000 décès, soit une augmentation . Le taux brut de mortalité a enregistré une légère hausse en passant d à 4,55‰ au cours de cette période
    en 2017.
  • D’autre part, l’espérance de vie à la naissance continue sa progression à la hausse, avec un gain de un dixième de point pour atteindre 77,8 ans au niveau global. Déclinée par sexe, elle est de 77,2 ans auprès des hommes et 78,6 ans auprès des femmes.

La mortalité infantile

  • Le volume des décès infantiles a atteint 21.030 en 2019. Aussi, nous assistons à une stagnation du taux de mortalité infantile, observée depuis 2016, avec un niveau de 21,0‰. Décliné par sexe, il atteint 22,5‰ auprès des garçons et 19,4‰ auprès des filles.
  • La mortalité néonatale est estimée à 16,2‰ (17,7‰ pour les garçons et 14,7‰ pour les filles), alors que la mortalité néonatale précoce se situe à 12,7‰.
  • La mortalité infanto-juvénile La probabilité de décès entre la naissance et l’âge exact de 5 ans exprimé par le quotient de mortalité infanto juvénile, connait également une stagnation avec un niveau de 24,2‰. Décliné par sexe, ce quotient est de 25,7‰ auprès des garçons et 22,7‰ auprès des filles.
  • La mortinatalité. En 2019, l’effectif des mort-nés enregistrés auprès des services de l’état civil continue sa tendance baissière observée depuis 2009. Ainsi, les services de l’état civil ont enregistré 12 540 mort-nés. Cette baisse a affecté légèrement le taux de mortinatalité qui a baissé de 0.1 point entre 2018 et 2019 pour atteindre un niveau de 12,0‰. D’autre part le taux de mortalité périnatale est estimé à 24,5‰ ; 27,3‰ auprès des garçons et 21,6‰ auprès des filles.
  • Phénomène N°2, Fécondité : 
Après l’indépendance, a fécondité algérienne était élevée et a même continué d’augmenter atteignant un maximum de 8,1 enfant pour l’ensemble des femmes et plus de 11 enfants chez les femmes mariées à la fin des années 1960. Depuis cette date la fécondité a baissé de plus de 70 %. La baisse a été particulièrement vive au cours de la décennie 1990 avec une chute de 50 %, que ce soit entre les deux enquêtes démographiques de 1992 (PAPCHILD) et de 2002 (PAPFAM) ou entre les deux recensements de population (1987 et 1998). En 2006 , la fécondité générale est estimée à 2,27 enfants par femme (MSPRH, ONS, 2007). D’après la Division de la population des Nations unies, l’Algérie figure aujourd’hui, aux côtés de la Tunisie, de la Chine et de l’Iran, parmi les 12 pays du monde où la baisse de la fécondité a été la plus rapide entre 1970-1975 et 2005-2010 (United Nations, 2006)

 

  • Natalité 

Au cours de l’année 2019, 1 034 000 naissances ont vu le jour, soit 4 000 naissances de moins qu’en 2018. La répartition des naissances par sexe traduite par le rapport de masculinité donne 104 garçons pour 100 filles. Cette baisse du volume des naissances vivantes a 
affecté le taux brut de natalité qui est passé  à 23,80‰  2019.

  • Indice de fécondité :

L’indice conjoncturel de fécondité connait une stagnation à  3,0 enfants par femme.
L’âge moyen à l’accouchement a connu, quant à lui, un léger recul, estimé à deux dixièmes de point, il est à 31,4 ans.

Remarque : 

L’Algérie a connu un phénomène très rare dans l’histoire démographique dans le monde. En effet, après une longue période de baisse de la fécondité, il y a eu un effet inverse une remontée du taux de la fécondité 

  • L’une des premières raisons avancées par certains experts est qu’eux-mêmes (ou leurs collègues) se sont lourdement trompés dans l’analyse du phénomène de baisse des naissances des années 90. Selon eux, la guerre civile en Algérie a simplement empêché de nombreux ménages de faire des enfants. Elle aurait aussi été un obstacle important aux mariages. Du coup, au lieu de se maintenir autour de la barre des trois enfants par femme, la fécondité aurait dramatiquement baissé en raison des circonstances politiques et sécuritaires. À cela s’ajouterait le fait que le pays a aussi connu à l’époque une grave crise économique (hausse du chômage, fermeture de nombreuses entreprises publiques, etc.). Le boom actuel serait à mettre sur le compte d’un « effet de rattrapage » post – décennie noire.
  • Tout en reprenant cette hypothèse, du moins en partie, plusieurs démographes algériens avancent une autre explication principale. Selon eux, il faut interpréter la période ayant suivi la guerre civile comme, non pas un rattrapage, mais un « baby-boom » classique, comparable à ce que d’autres pays ont connu. Quand la paix revient, quand la violence terroriste s’éloigne et que l’État tient un discours optimiste, à l’instar de ce que fit le président Bouteflika après sa première élection en 1999, la démographie est stimulée. Et c’est d’autant plus vrai que les autorités algériennes ont beaucoup dépensé pour assurer le bien-être social. En construisant plusieurs centaines de milliers de logements depuis 2000, Alger a permis à autant de ménages de s’installer et d’avoir des enfants. La résorption, même incomplète, de la crise du logement – véritable fléau de l’Algérie indépendante – est l’une des explications du retour en force de la croissance démographique. Cela vaut aussi pour les largesses financières octroyées à la population, et notamment la jeunesse, après les révoltes arabes de 2011. Hausse des subventions, augmentations salariales massives et rétroactives, encouragements à la création d’entreprises sont autant de facteurs qui ont pesé dans la hausse de la fécondité.
  • Reste enfin une dernière explication, le plus souvent avancée en Occident mais qui demande encore à être validée. Plusieurs experts voient dans le retour en force du conservatisme religieux, l’explication de la hausse de la natalité. Certes, la société algérienne est traversée par un regain de religiosité et de prégnance du discours moralisateur. Mais contrairement à d’autres religions, l’islam, y compris traditionaliste, est bien moins virulent à l’égard des programmes de Planning familial. Si la question des relations sexuelles hors du mariage demeure un tabou, la prescription de contraceptifs oraux pour les femmes mariées ne pose, à l’heure actuelle, aucun problème majeur. Dans les discours politiques tels que ceux que véhicule le salafisme, la nécessité pour un ménage de faire beaucoup d’enfants n’apparaît pas comme une urgence ou une priorité.

Transition démographique et sécularisation 

Quid de sa signification du point de vue mental ? Elle veut dire que le fatalisme recule. Avant la forte baisse, l’homme arabe se ressentait comme l’instrument du « qadar », du destin, car tout était écrit. Il était constamment sous la menace de la mort, par maladie, par accident etc. Avec une espérance de vie de 75 ans l’homme et la femme se sentent désormais immortels. Bien sûr, il ne s’agit que d’une perception car on sait tous qu’on va mourir un jour. Mais le fait que les maladies se soient éloignées, que la mortalité ait beaucoup baissé, donne des ailes. On sent qu’on a l’avenir pour soi, qu’on peut se lancer dans des projets à long terme. Aujourd’hui, l’individu qui prend sa retraite à 60-65 ans, ne se dit plus je vais rentrer à la maison, dormir et mourir. Il se dit « tiens, j’ai des petites épargnes je peux me lancer dans des projets d’investissement, créer ma petite entreprise et tout ce qui va avec ». Ce qui veut dire que la baisse de la mortalité a beaucoup dynamisé le moral des individus. 

Indicateurs socio-économiques

Les indicateurs économiques et sociales, comme le niveau d’instruction, l’emploi, l’urbanisation, l’immigration et l’émigration … sont autant de variables qui influencent profondément l’évolution de la structure de la famille, définie comme la structure de base et le microcosme de la société. Les mutations qui s’opèrent au niveau de la famille algérienne finissent par bouleverser toute la société

 

MÉNAGE / FAMILLE

Notion de ménage

En Algérie, en matière d’études et de statistiques la famille est saisie par la notion de ménage. 

La définition du ménage adopté par les services statistiques algériens et la suivante : le ménage est un groupe de personnes vivant ensemble dans un même logement sous la responsabilité d’un chef de ménage, préparant et prenant en général les principaux repas ensemble. Ces personnes sont généralement liées entre elles par le son ou par alliance. Une personne vivant seule dans un logement peut constituer un ménage. Un ménage ordinaire peut être constitué d’une ou plusieurs familles. Il s’ensuit que la notion de ménage défaire de celle, plus limitative, de famille. En particulier, un ménage peut comporter plus d’une famille. 

Cette définition insiste sur les liens de parenté, l’unité de résidence et l’unité de consommation. Le ménage est identifié par l’alliance (le mariage), la filiation (le sang), la cohabitation (le logement) et enfin le pouvoir (chef de ménage).

 

Les mutations qui s’opèrent au niveau de la famille algérienne finissent par bouleverser non seulement, ses traditions, ses préjugés, ses lois et ses hiérarchies internes, mais aussi les comportements individuels, notamment procréateurs, qui à leur tour déterminent l’évolution des composantes de la dynamique démographique.

Les relations entre changement social et changement familial demeurent particulièrement étroites; car la famille en tant que micro-société de base cristalliserait en son sein tous les changements à échelle plus grande. Les modifications intervenues, loin d’être négligeables, constituent des tendances lourdes et suggèrent l’adoption de comportements fondamentalement différents face à un événement considéré comme une inexplorable.

Cependant, si la cellule familiale constitue une résultante du développement, elle ne se contente pas de subir les influences extérieures, mais de par ses réactions au changement, s’institue elle même comme un agent actif de l’évolution sociale. La famille algérienne, en tant que structure élémentaire constitutive du système social, a subi les contrecoups des profondes mutations économiques, politiques et sociales qui ont affecté notre pays depuis la pénétration coloniale, tant dans sa composition que son organisation, une mutation accélérée par la suite par les politiques publiques entreprises par l’Etat depuis l’indépendance.   

Pour pouvoir suivre ces changements sur la famille et pouvoir analyser leur impacts sur la société, nous nous appuyons sur un ensemble d’indicateurs quantitatifs, principalement démographiques (composition), mais aussi qualitatif (caractéristiques). D’abord, il faut rappeler que l’approche statistique ne saisit pas la famille en tant que telle, mais la saisie à travers la notion de ménage. 

  • Au niveau de la structure (ménage) :

Les études du RGPH nous informe que la taille du ménage algérien a évolué comme suit :

Evolution de la taille des ménages 

  • L’évolution des ménages se traduit tout d’abord par un accroissement de leur taille moyenne avant de commencer à baisser à partir de 1987.
  • L’augmentation de la taille moyenne des ménages, passant de 5,92 à 7,10 personnes entre 1966 et 1987 est la conséquence de la forte croissance démographique qu’a connue l’Algérie.
  • De 1966 à 1977, l’exode rural va accentuer la densification des ménages urbains. 
  • A partir de 1987, période caractérisée par une réduction de la fécondité, il est observé une tendance à la baisse de la taille moyenne des ménages.

Remarque

La stabilité de la taille des ménages cache bien des dynamiques : les ménages de moins de 4 personnes qui représentaient près d’un ménage sur 5 en 1966 ne sont plus que 10% en 1996.  10% et ceux de taille élevée (10 personnes et plus) sont passés de 12 à 30%. A partir de 1998 la tendance se renverse, les ménages de plus de plus de 10 personnes diminuent et ceux de taille petite ou intermédiaire augmentent. Plus encore en 2001, 41% des logements sont occupés par des ménages de 7 à 10 personnes et 8,5% accueillent chacun, 11 personnes ou plus

Evolution de la part des ménages nucléaires 

  • La part des ménages nucléaires est restée stable 59% entre 1966 et 1977, avant de passer à 67% en 1987 puis à 71% en 1998. En 2002, elle atteint trois ménages sur quatre.

Analyses :

Ces statistiques nous montre le recul du nombre de ménages constitués par des familles complexes (cohabitation de plusieurs familles constituées de couples avec leurs enfants célibataires) et aussi la réduction du nombre d’individus par ménage et l’émergence de la famille nucléaire comme structure nouvelle et autonome. Sans pour autant de dire qu’il y a une dominante d’une structure sur une autre. La famille algérienne présente une structure complexe et variée. Elle n’est ni nucléaire, ni étendue. Ces données statistiques traduisent clairement la crise aigue de logement que connaissent les Algériens depuis plusieurs décennies, notamment en milieu urbain. Pendant toutes ces décennies, plusieurs familles et plusieurs ménages ont vécu entassés dans des logements non adaptés à leur structure et surtout à leur taille.  

Donc, c’est une nouvelle réorganisation de la vie familiale, une nouvelle étape qui sans doute à été la conséquence d’une cohabitation forcée par le passé dans des conditions d’habitat pas très favorables Toutes ces pressions ont poussé à la volonté d’autonomisation, notamment chez les jeunes générations plus instruites. Et si le modèle de la famille nucléaire ne progresse pas plus vite en dépit des aspirations prédominantes des jeunes couples à vivre en famille nucléaire, c’est en premier lieu en raison de la « crise de logement » et  tout porte à croire qu’en l’absence de cette contrainte, le modèle de la famille nucléaire aurait rencontré plus de succès.

Les statistiques donnent les mesures quantitatives des différents types de ménages existants et de leur évolution mais ne renseignent pas du tout sur la composition interne de ces ménages. Elles ne permettent pas de faire des analyses fines sur les stratégies de cohabitation comme moyens d’ajustement aux différentes difficultés que rencontrent les jeunes couples à s’installer. La notion de ménage repose sur celle de l’unicité d’habitation et celle de la préparation et de la consommation en commun des principaux repas Si la taille des ménages et celle des logements n’a pas beaucoup changé en dépit de la très forte baisse de la fécondité, c’est la composition interne qui n’est vraisemblablement plus la même et le ménage élargi d’aujourd’hui n’est plus à l’image de la famille étendue d’autrefois, notamment en milieu urbain. On assiste surtout à une cohabitation forcée de plusieurs unités nucléaires. Le ménage élargi aujourd’hui est souvent constitué de multiples unités nucléaires qui, dans un contexte de crise de logement et de crise économique, vivent dans un même logement tout en préparant et en prenant les repas séparément

Mais en dépit d’une urbanisation accélérée et soutenue, le processus de nucléarisation de la famille algérienne a été assez long au départ (et n’a démarré réellement qu’à partir des années 1980, période du début de la transition de la fécondité). Ce n’est donc pas la nucléarisation des ménages qui a conduit à la baisse de la fécondité mais au contraire le maintien des structures familiales traditionnelles qui n’a pas constitué un obstacle au déclin rapide de la fécondité. Il l’aurait même encouragé en poussant les familles nouvellement constituées à restreindre leur descendance en contexte de cohabitation et d’exiguïté des logements. 

La tendance à la «nucléarisation» des ménages en Algérie, qui s’est manifestée durant les années postindépendance, se prolonge lentement dans le temps : le nombre de familles par ménage est passé entre 1987 et 1998, de 1,25 à 1,15 dans le milieu urbain et de 1,26 à 1,16 dans le milieu rural.

Pour la période qui suivit immédiatement l’indépendance, et jusqu’aux années 1970, la diminution en milieu urbain du nombre de familles par ménage doit être imputée à l’occupation de l’espace urbain laissé vide par le départ d’environ 900000 colons à l’indépendance, en 1962.

Il ressort, selon les résultats du dernier recensement de 1998, une nette prédominance des familles de type «couple avec enfants » qui représentent à elles seules 78,2 % de l’ensemble. Au recensement de 1966, ce type de famille représentait 66,8 %. Les familles monoparentales constituées d’un seul parent et des enfants en raison du décès du conjoint, ou suite à un divorce occupent la seconde position avec une proportion de 12,1 %. Quant au reste des familles, elles regroupent le type «couple sans enfant» et d’autres types de familles recomposées nettement moins représentées.

Cependant, si la baisse de la fécondité n’a pas produit les effets attendus au niveau des tailles des ménages, le veuvage et le divorce émergent comme étant les principales voies d’accès au statut de chef de ménage pour les femmes algériennes. Aussi, il faut souligner l’apparition de nouvelles familles : monoparentales, recomposés qui ne sont pas encore prise en compte dans le cadre des statistiques, malgré l’augmentation du taux de divorce et les remariages. Les ménages constitués de familles monoparentales, qui ne cohabitent ni avec des ascendants ni avec des collatéraux représentent 6,1 % de l’ensemble des ménages; près de 270 000 familles monoparentales (43,7 % de l’ensemble des familles monoparentales) sont dans ce cas et sont par conséquent en dehors des familles complexes ou élargies. 

La diversification des formes familiales s’articule avec de nouvelles conceptions individuelles et collectives en matière d’union, de relations entre les conjoints, de procréation, de place et rôle de la femme et de l’enfant au sein de la famille.

  • Au niveau de la nuptialité et divortialité : 

Le taux de nuptialité c’est un bon indicateur du modèles de transition démographique en Algérie

La nuptialité est dictateur qui probablement permet le mieux de mettre en évidence l’état et l’évolution des mœurs dans une société car elle met en jeu des mécanismes très complexes dépendants à la fois du rapport entre les sexes, des relations au sein de la famille et de multiples facteurs aussi bien culturels que sociaux économique.

Le taux de nuptialité est le rapport du nombre de mariages de l’année à la population totale moyenne de l’année

 

La famille se trouve donc essentiellement caractérisée par la conjugalité et reste l’institution de base de la société algérienne. Il faut rappeler aussi que la famille est considérée en Algérie comme un moyen d’accomplissement social, et le seul cadre de la pratique de la vie sexuelle. De ce fait, le mariage est loin d’être une institution en crise, cependant, les conditions de la formation des unions et les relations au sein de la famille connaissent de profondes transformations.

Le mariage étant une institution centrale dans les sociétés algériennes avec son pendant l’absence supposé de rapports sexuels hors mariage, les transformations en cours sur la nuptialité ont sapé les bases de l’autorité familiale sur les femmes adultes et éliminé par là, les fondements du système patriarcal. De façon générale il ressort que les stratégies matrimoniales ont connu une mutation importante et qui ne constituent plus aujourd’hui le même en enjeu social. 

Il faut signaler que même s’il y a des changements dans le calendrier de la nuptialité avec le recul de l’âge du premier mariage, la croissance des taux de divorces et séparations, s’ils peuvent paraître importants, ne concernent que les formes du phénomène du mariage, laissons intacte sa consistance. Ces transformations ne remettent pas en cause le mariage autant que statut social privilégié comme seul seul moyen de fonder un foyer familiale, assurer la reproduction sociale et aussi s’accomplir socialement.

Au niveau des caractéristiques : 

Au niveau des caractéristiques, c’est plus des données qualitatives que quantitatives qu’il faut analyser, principalement par l’observation de changement dans les comportements, ceux-ci affectent, directement la structure traditionnelle de la famille avec son caractère communautaire à forte endogamie, patrilocale qui a tendance à disparaitre mais pas complétement . Bien que la nucléarisation de la famille se soit accélérée, dans les villes aussi bien que dans les campagnes, la disparition du patrilignage, la fécondité tarde à baisser, l’endogamie est toujours présente dans la fondation des alliances de mariage. Avec la persistance de ces caractéristiques nous pouvons dire que la famille algérienne conserve toujours des traits de l’ancien modèle, 

Stratégie matrimoniale : les couples se forment de plus en plus de manière autonome en d’hors du cercle familiale et tribale, loin aussi des choix familiaux, même si la bénédiction des parents est toujours souhaités par les nouveaux couples. Ceci affecte directement le caractère endogame de la famille. 

Patrilocalité. N’est aujourd’hui plus systématique : avant, une femme se mariait là où habitait son mari ou les parents du mari. Généralement les nouveaux foyers s’établissent loin de la maison des parents ou de la grande famille. Mais aussi il y a des cas ou l’homme accepte de déménager chez sa femme, voire chez ses beaux-parents s’ils prêtent un logement.

Agnatisme & Patrilignagère. Avoir une ascendance mâle n’est plus considérée comme un objectif de mariage et de reproduction chez les nouveaux couples. La baisse de fécondité réduit le nombre de chance d’avoir un garçon dans la famille. 

Patriarcat. L’homme n’est plus le seul chef de famille, les femmes occupent de plus en plus ce rôle. Le veuvage et le divorce émergent comme étant des voies alternative d’accès au statut de chef de ménage pour les femmes algériennes. 

Endogamie. La famille communautaire endogame constitué d’un ménage qui regroupait souvent plusieurs couples avec leurs enfants, les ascendants encore en vie, des collatéraux mariés ou non commence à disparaitre au profit de la famille nucléaire. Considéré comme un élément fondamental dans le renforcement des liens claniques et tribaux, le mariage endogame a résisté au vaste mouvement d’urbanisation en cours point les mariages entre cousins sont fondamentalement l’apanage des populations des zones rurales. 

Le mariage avec une jeune femme du village de provenance est une manière de désapprouver les déséquilibres et les déstructurations du mode de vie urbain, d‟opter pour une femme qui a subi la même socialisation et approuve les mêmes savoir-vivre et habitudes. Est une sorte d‟adoption des stratégies et des principes de la communauté familiale traditionnelle et de l‟affirmation des capacités de la pérennité de cette dernière. Dans le fond même, le régime matrimonial avec le village d‟origine réaffirme l‟expression d‟affiliation à la communauté initiale et prouve que la mise à l‟écart territoriale ne provoque plus le déclin des rapports de parenté.

La famille et la sécularité 

Une proportion élevée de célibataire des deux sexes questionne profondément la conscience religieuse. L’ordre social et religieux en Algérie est généralement hostile au célibat des adultes des deux sexes. Les célibataires seraient susceptibles de succomber plus facilement aux tentations et de perturber l’harmonie supposée qui régnerait au sein du groupe. La société et la religion craint le désordre social que peut créer la présence en grand nombre d’hommes sexuellement actifs dans une société tribale régie par les sentiments d’honneur et de prestige, en proie à une peur permanente de l’affaiblissement du groupe – confronter éventuellement à des conflits internes- face au groupe rivaux.

Il en découle une volonté manifeste de contrôler la sexualité des membres de la société. L’acte sexuel lui-même ne constitue pas un péché (lorsque la finalité ne serait pas de procréer). Les textes coraniques prennent bien on considération la satisfaction des besoins charnels, ils n’assignent donc pas là procréation comme seul but de mariage. Cependant en d’hors du mariage, les rapports sexuels sont interdits pour les célibataires des deux sexes à qui la chasteté est recommandée. Dans le cas où ils sont dans l’impossibilité matérielle de se marier, l’abstinence et la patience sont recommandés aux célibataires. Toute transgression est punie de son coup de bâtons

Le Coran consacré 20 versets au rapport sexuels et pas moins de dix à l’adultère. Les rapports sexuels ne sont pas, du point de vue religieux, concevable en dehors du mariage, d’où une surveillance étroite des femmes célibataires. L’ordre social tribal, clanique et patriarcale qui reposait sur des valeurs telles que l’honneur et le prestige de groupe familial et du clan, exige entre autres, la répression de la sexualité féminine prénuptiale et hors mariage.

Le mariage est en une institution centrale dans les sociétés de l’Afrique du Nord avec son pendant l’absence supposée de rapport sexuels hors mariage, les transformations en cours sur la nuptialité sapent les bases de l’autorité familiale sur les femmes adultes, ils minent par-là les fondements du système patriarcal. L’ensemble de ces éléments montrent que l’élévation de l’âge de mariage des femmes en prolongeant la durée de célibat met à mal l’ordre social et religieux

Ces évolutions au niveau de la famille vont conditionner aussi le statut des femmes, qui se retrouvent généralement au centre de tous les changements sociodémographiques.

 

Urbanisation

Urbanisation & L'essentiel

URBANISATION

L’urbanisation est un mouvement historique de transformation des formes de la société que l’on peut définir comme l’augmentation du nombre d’habitants en ville par rapport à l’ensemble de la population. 

POPULATION URBAINE 

Il s’agit du pourcentage de la population totale qui vit dans un milieu défini comme urbain. Les définitions peuvent varier. Le plus souvent, les organismes entendent par population urbaine: «toutes les personnes domiciliées dans les villes et les villages d’au moins 1000 habitants»  

FACTEURS D’URBANISATION 

De nombreux facteurs historiques, politiques et socioculturels peuvent expliquer l’urbanisation croissante. En Algérie, l’immigration interne et l’exode rural est le facteur principal d’urbanisation

L’urbanisation est au cœur du changement social. Le phénomène migratoire et l’accélération des mouvements du déplacement des territoires ruraux vers les zones urbaines ont de nombreuses répercussions sur la communauté familiale, au village d’origine ainsi qu’à la ville. L’urbain impose ses valeurs, ses rythmes et ses formes à l’ensemble des territoires.

L’urbanisation en Algérie est un phénomène fort ancien par ses racines : les Etats numides de la haute antiquité, le passage des romains, les Etat amazighs de l’âge classique et du moyen âge (Royaume de Tihert, les Dzirides, Muravides, Mouahidines….) ont tous construit des villes et ont eu une base citadine. Mais c’est en même temps un phénomène très récent par son ampleur.

Ainsi, à l’instar de la plupart des pays du monde, le phénomène urbain a pris en Algérie, au cours des dernières décennies,  une ampleur considérable  : c’est durant les années postindépendance qu’il  a pris cette allure d’explosion urbaine qui a bousculé les paysages, les mentalités et la société elle-même. Le taux d’urbanisation qui était de l’ordre de 13,9 % en 1886 est passé à 21,99% en 1936 pour atteindre 25.05% en 1954, il va s’accélérer après l’indépendance. 

Le taux d’urbanisation sur le territoire national selon les différents RGPH, 1966, 1977, 1987, 1998, 2008 est passé de 31,4%,  58,3%, 49,67 %, 40 % , 66%  pour atteindre 74,26% en 2021.

Taux de la population urbaine  

Sources d’urbanisation : 

L’accroissement de la population urbaine en Algérie s’est effectué en plusieurs phases dont la première 1954-1962 s’est caractérisée par la désertion des campagnes, durant la guerre de libération nationale, due à la politique de regroupement et à la création de zones interdites par  l’administration coloniale. La seconde phase, de 1962-1966, au lendemain de l’indépendance a entrainé une ruée extraordinaire de ruraux vers les villes désertées par les Européens. Cet accroissement s’est confirmé durant les décennies suivantes puisque  le taux d’urbanisation sur le territoire national selon les différents RGPH est passé de 31,4% en 1966 à 58,3% en 1998, il était de l’ordre de 66% en 2008. 

En effet, après l’indépendance du pays, la politique d’industrialisation,  la réforme agraire et les grands chantiers d’infrastructures (barrages hydrauliques, électrification, routes etc.) ont transformé le monde rural et a accéléré l’exode rural provoqué par la colonisation et la guerre de décolonisation. Les déplacements massifs de la population active vers les villes et a eu pour conséquence une élévation très forte du taux d’urbanisation et l’apparition de grands bidonvilles aux périphéries de ces villes. Des mesures urbanistiques ont été prises par les pouvoirs à différentes époques pour maîtriser ce désordre : c’est la création de grands ensembles et de Z.H.U.N. Avec des un habitat collectif généralement de type vertical, en préfabrication lourde qui constitue la majeure partie de ce nouveau parc de logements. Chaque grand ensemble est composé d’un nombre important d’immeubles de plusieurs étages, sans ascenseurs. Les espaces extérieurs rarement aménagés et valorisés, souffrent d’une absence d’infrastructures et de prise en charge, tant par l’Etat que par les habitants eux mêmes. Immenses espaces vides, ils sont souvent investis par les enfants, par des groupes de jeunes, transformés en terrain de jeu, ou en parking, ou encore en place de marché. 

Logement urbain / logement traditionnel

Les habitants des anciennes maisons traditionnelles ont pour la plupart été relogés dans les nouveaux quartiers. Le logement contemporain diffère de la maison traditionnelle: il comporte plusieurs pièces, chacune répondant à une fonction particulière; il est ouvert sur l’extérieur par l’intermédiaire de nombreuses fenêtres et de balcons, et surtout, il est individuel, coupant les habitants de leurs voisins avec qui ils n’ont plus les mêmes possibilités de communication. Ces nouvelles cités brassent des populations hétérogènes, d’origine diverse mais pour une grande partie défavorisées. Ces logements sont souvent occupés par plusieurs ménages apparentés, phénomène résultant de la crise du logement. Les parents marient leurs fils en les gardant chez eux, et reconstituent donc des familles élargies, dans ces logements conçus comme habitations individuelles. Les familles transposées dans ces nouvelles cités perdent leurs repères spatiaux et sociaux habituels qui sont: la polyvalence de l’espace de vie principal, l’introversion de la demeure et sa fermeture sur l’extérieur, la forte vie communautaire.

Les pratiques nouvelles imposées par le nouveau logement sont basées sur la spécialisation des espaces : à chaque espace est assignée une fonction et une pratique. Certains usages traditionnels ne sont pas prévus dans le logement moderne, comme la préparation de spécialités culinaires traditionnelles (la préparation du couscous ou de la galette par exemple). Le logement contemporain suppose aussi un réseau relationnel nouveau, à l’intérieur et à l’extérieur du logement. C’est là, un bouleversement total du mode d’habiter et même du mode de vie des habitants: les voisins ne peuvent plus entrer les uns chez les autres à n’importe quel moment de la journée, les portes sont fermées (et ce d’autant plus que l’insécurité est souvent importante dans ces quartiers) et chacun est condamné à rester chez lui. La dichotomie espace public/espace privé, maintes fois signalée à travers les espaces du dedans (dekhel) et ceux du dehors (barra) dans l’habitat des pays d’Afrique du Nord est reconduite dans les pratiques spatiales à l’échelle de la ville, non pas à l’identique mais par une hiérarchisation spatiale qui va du lieu accessible à tous à celui contrôlé et marqué par ceux qui y résident signifiant par là des niveaux différents de l’espace public. En milieu urbain, la modification des modèles familiaux traditionnels devrait entraîner une redistribution des rôles au sein des ménages et par conséquent, une redistribution de l’espace. De plus en plus de femmes exercent une activité en dehors de leur domicile et de plus en plus d’hommes s’occupent davantage de leurs enfants et même des tâches ménagères, donc passent davantage de temps à la maison.

L’avènement de « valeurs urbaines »

Le fait urbain est au cœur des mutations que vit l’Algérie. En quelques décennies, l’urbanisation a été massive, rapide, parfois brutale, bouleversant les modes de vie. Produit des transformations de la société et de ses structures sociales et économiques, elle est génératrice d’importantes mutations sociétales : les dynamiques en œuvre agissent au niveau de l’ordre spatial, de l’organisation sociale et des modes de vie.

Le mode de vie désigne la façon dont les membres d’une société ou d’un groupe social occupent leur temps libre et dépensent leurs revenus, c’est un ensemble de pratiques et ou de représentation propre à un groupe social alors que genre de vie est défini comme un ensemble d’activités habituelle qui permettent à un groupe humain d’assurer son existence en utilisant les ressources d’un milieu donné. 

L’avènement des villes a donné naissance à un mode de vie spécifique, très différent de celui qui prévalait jusque là dans le monde rural. Les travaux sociologiques menés ces dernières années montrent que l’urbanisation favorise les processus d’individualisation.  Vivre en ville, c’est s’affranchir d’un grand nombre de contingences ; le poids du collectif se distend, celui des traditions tend aussi à disparaître. Le poids des communautés traditionnelles (village, tribu, la famille, les confréries religieuses) devient moins pesant, la ville permet l’anonymat dans l’espace public et affranchit les individus de certaines contraintes sociales. Le milieu urbain stimule la différenciation des activités et les solidarités fondées sur l’interdépendance, il renforce tout à la fois la vitalité des échanges sociaux avec de nouveaux comportements et l’individualisation des personnes.

  • Individualisation 

L’urbanisation généralisée, la rurbanisation, le développement des mobilités à toutes les échelles d’espace et de temps, la prolifération des complexités aussi bien matérielles que virtuelles, l’individualisation, impose une révision de les cadres habituels ou des références d’analyse. Le mode de vie urbain, favorise l’émancipation de l’individu qui ressent moins fortement la pression du groupe familial et le poids des traditions et propose un large éventail d’opportunité économique et sociale. C’est ce qui explique en grande partie les formes mouvements de population vers les villes dans les périodes de crise du monde paysan et de transformation des modes de faire-valoir et des techniques agricoles. L’urbanisation est donc au cœur du changement social, elle accompagne la montée de l’individualisme. L’Individualisme est abordé dans son sens positif lorsqu’il permet à l’individu de disposer de son libre arbitre, de s’affranchir des traditions qui l’empêchaient d’être libre de ses choix. Il existe une vision plus pessimiste de l’individualisme quand il conduit l’individu à s’isoler de toutes formes de solidarités pour ne plus s’intéresser qu’à son propre devenir. 

  • Nouveaux comportements

Il s’ensuit que les centres urbains ont été et sont souvent les précurseurs de nouveaux comportements démographiques, la fécondité connait d’abord une baisse au milieu urbain et dont les couches sociales supérieur de la population. En concentrant les infrastructures économiques et sociales, les centres urbains favorisent non seulement la scolarisation des femmes, mais aussi la possibilité d’une espérance de vie scolaire plus longue et une plus grande possibilité d’accès au marché du travail. 

L’urbanisation s’impose aujourd’hui comme une caractéristique centrale du changement social en Algérie; elle s’accompagne d’une forte montée de l’individualisme et d’une transformation des anciens réseaux de solidarité. De nouvelles urbanités émergent adossées aux pratiques quotidiennes des différents groupes sociaux qui font et vivent les villes, redéfinissent le lien social et les modes d’habiter, les pratiques de consommation, de travail, de loisirs et les modes d’appropriation de l’espace public.

Le résultat de cette urbanisation extrêmement rapide, comparativement à l’évolution de l’urbanisation dans certaines autres régions du monde, et sans conteste le recul de la différence ville campagne où rural urbain. Les modes de vie ruraux et les comportements démographiques se rapprochent de ceux enregistrés en milieu urbain du fait de la densification des échanges et de la diversification des activités dans le monde rural mais aussi parce que le milieu urbain de fait de  l’aménagement des centres urbains, l’habitat spontané, précaire et illégal, les bidonvilles, beaucoup de quartiers ne disposent pas des infrastructures  qui caractérise la vie urbaine : le mobilier urbain, le transport public, espaces de loisirs, séparation des modes de circulation, espaces culturelles …ce qui accroits les difficultés de fournir aux nouvelles populations urbaines les services qu’elles en attendent d’où une baisse de la qualité des services et le développement des inégalités liées à la localisation résidentielle dans l’espace urbain

Traversées par leurs contradictions, agitées par leurs tensions, les villes algériennes sont à la recherche d’une cohérence et d’une structuration sous l’action conjointe et conflictuelle des politiques publiques et des différents acteurs sociaux.

 

SCOLARISATION

TAUX DE SCOLORISATION

Le taux de scolarisation est le rapport entre le nombre d’élèves, d’étudiants et d’apprentis en formation initiale d’un âge déterminé, inscrits dans un établissement d’enseignement, et le nombre de jeunes de cet âge.

L’Algérie a fait un rattrapage extrêmement rapide en matière de scolarisation. La politique éducative des premières années de l’indépendance est une partie constitutive du consensus social sur lequel reposait le nouvel État. Celui-ci avait pour principe de base l’égalité de tous les Algériens et une solidarité de type communautaire. Ce consensus supposait que l’État donne des conditions égales à tous les enfants devant l’éducation par une gratuité totale de l’enseignement. C’était une période de généralisation de la scolarisation dans une société où l’analphabétisme était dominant. 

Au lendemain de son indépendance, au moment où l’Algérie amorce un puissant effort de scolarisation, la majeure partie de la population est analphabète. Depuis les années 1960, une place importante a été accordée à l’instruction en Algérie et tout particulièrement à la lutte contre l’analphabétisme des femmes. Ceci a conduit à un meilleur accès à l’instruction pour tous les groupes d’âges des deux sexes et à une réduction importante du pourcentage de femmes non-instruites à chaque âge.  

Nous postulons que l’action combinée de la croissance démographique et de la généralisation de l’école aux enfants nés après l’indépendance est un facteur essentiel dans les transformations en cours dans la société algérienne; que la force de leur action est accentuée par le court laps de temps dans lequel ils se sont opérés. Principalement, par la scolarisation de masse, notamment celle des filles, qui n’a pas manqué de bouleverser l’organisation sociale algérienne notamment au niveau de sa cellule de base, la famille et a contribué à créer des situations inédites dans l’histoire de ce pays, notamment en ouvrant largement l’espace public à un nombre de plus en plus grand de femmes.

TAUX DE SCOLARISATION DES FEMMES 

Le taux de scolarisation des femmes n’a ainsi cessé d’augmenter depuis 1962 ; il a même été multiplié par 3 entre 1970 et 2008, passant de 32% en 1965 à 91% en 2008 (Graphe ci-dessus). Aussi le taux d’alphabétisation ne cesse d’augmenter, en passant de 99% à l’indépendance à 35,8% en 1987. L’écart relatif entre les hommes et les femmes a beaucoup diminué. Plus précisément, 63,4 % des hommes contre 35,8 % des femmes étaient instruits en 1987, alors que ce pourcentage est monté à 87,4 pour les hommes et 75,3% pour les femmes en 2018. Le taux de scolarisation pour le cycle primaire (élèves de 6 à 11 ans) atteint près de 94 % en 2009-2010 et a augmenté de près de 10 points en moins d’une décennie . 

MARCHE DE TRAVAIL

Dans l’analyse de la structure de la population, il en résulte une augmentation considérable de la population active. La caractéristique fondamentale du marché de travail en Algérie est le taux de chômage élevé des jeunes, un taux faible de l’activité des femmes et une trop grande dépendance du secteur informel pour la création d’emploi. La croissance du PIB, bien que positive est souvent supérieure à 3% n’est cependant pas suffisante pour créer les emplois productifs dans le secteur marchand nécessaires à la demande annuelle additionnelle d’emplois générés par là démographie. 

En 2019, le taux de chômage des jeunes et des femmes a atteint respectivement 31 % et 21 %. Bien que le taux d’activité des femmes ait légèrement augmenté au cours des 20 dernières années, il reste faible, à un niveau de seulement 15  % pour les femmes âgées de 15 ans et plus, et de seulement 8  % pour les jeunes femmes – représentant moins d’un quart des taux d’activité des hommes dans chaque groupe d’âge

L’Algérie se caractérise par une population relativement jeune. Avec un total de 22,7 millions de personnes, les jeunes de moins de 30 ans représentent 53 % de la population algérienne. La part des jeunes dans la population algérienne est une force dont le pays peut tirer profit pour sa croissance économique, si les jeunes en âge de travailler sont en mesure de décrocher un emploi et de contribuer à l’économie de leur pays. Cependant, avec des taux de chômage de 28 % pour les jeunes hommes et de 48 % pour les jeunes femmes,2 les jeunes Algériens d’aujourd’hui sont confrontés à des difficultés pour rejoindre et rester sur le marché du travail

En Algérie, en dépit de progrès au cours des dernières décennies et nonobstant l’existence d’un cadre juridique approprié, le taux d’activité des femmes demeure l’un des plus bas au monde. Ce dernier a considérablement évolué au gré des transformations sociologiques et des changements économiques que le pays a connus depuis 1962.

 Le taux de participation des femmes à la force de travail est resté un des plus bas dans le monde (17 %) pour de nombreuses raisons dominées essentiellement culturelles et de normes sociales.

  • La société 

L’apparition de la femme dans le marché travail a été favorisé par un développement spectaculaire de l’instruction des filles. Une volonté manifeste des pouvoirs publics d’insérer les femmes dans le marché…La loi algérienne n’est pas discriminante en matière d’accès à l’emploi mais 

La structure de l’emploi féminin 

  • 2019 ne dépassait pas 13,5% tandis que celui des hommes était de 61,2%.
  • 41% (environ un million) du nombre global des fonctionnaires
  • 45,16 dans les activités libérales
  • 17,11 dans  l’artisanat
  • 16,42 dans les services
  • 14,29 dans l’industrie. 
  • Un taux d’activité élevé pour les femmes célibataires (36%) et pour les femmes divorcés (38%)

Malgré les évolutions des mentalités, le gouvernement ne fait rien pour valoriser le travail des femmes préférant accuser les mentalités et les employeurs. 

  • Le contenu des politiques économiques, les choix sectoriels d’investissement et les choix des techniques de production tiennent une place centrale dans la détermination du volume de l’emploi disponible
  • La sécurité dans l’espace public insuffisante
  • Les places en crèche sont une denrée rare,
  • Peu de cantines scolaires,
  • Le transports aléatoires dans les petites villes,
  • Le plafond de verre très solide

Figurent parmi les nombreux obstacles qui bloquent la main d’oeuvre féminine.

Taux de chômage : 

Entre 2000-2019, la population totale est passée de 30,4 millions à 43,4 millions de personnes (soit un accroissement annuel de 2,1 %), avec une population féminine restée toutefois inchangée à environ 49,3 % du total. Nonobstant cette quasi parité démographique, le bilan en matière d’emploi au cours des vingt dernières années est plutôt négatif.  Un taux de chômage féminin qui se situe à 19,4 %. A contrario, celui des hommes est de 9,9 %. Selon les statistiques de l’ANEM  39 %, soit plus de 814.000 des demandeurs d’emploi, sont des femmes. Cette situation est d’autant plus surprenante que les femmes sont les championnes de la réussite scolaire. L’université algérienne compte aujourd’hui 62% d’étudiantes et 42% d’enseignantes. Autrement dit 44% de l’effectif total des universités sont des femmes. Pourtant, 54% du total des femmes inscrites au chômage sont des diplômées universitaires, et 22% d’entre elles sont diplômées des centres et instituts de formation professionnelle. 

Il faut signaler que dans le calcul du taux de chômage,  le taux d’emploi déclaratif (femmes au foyer) n’est comptabilisé, selon les normes de calcul du chômage du BIT. De ce fait, elles sont exclu des statistiques du chômage, mais pas intégré dans le calcul du PIB, malgré le travail fournit à la maison, comme femme au foyer.  De nombreuses femmes qui ont une activité à domicile non rémunérée, par exemple dans le secteur agricole, l’élevage, la transformation des produits agricoles, le textile, la confection, etc., ne sont pas considérées comme «actives» par une partie de la population. En effet, le travail non payé des femmes est une contrainte majeure coûteuse. Ce type de travail,  comme les soins aux enfants, aux personnes âgées et l’intensité des tâches ménagères représente une part importante de l’activité économique qui est cependant exclu du calcul du produit intérieur brut (PIB ou richesse annuelle produite par un pays). Les femmes assument de manière disproportionnée le fardeau du travail non rémunéré : en moyenne, les femmes effectuent deux heures de travail non rémunéré de plus par jour que les hommes, avec de grandes différences selon les pays. Une grande partie de ce travail non rémunéré est entrepris par choix, mais sous la pression discrète des normes culturelles, des caractéristiques du marché du travail ou simplement du fait de l’absence de services publics, d’infrastructures et de politiques pro famille.

Par ailleurs, en raison du nombre croissant de femmes instruites, leur faible participation est un frein considérable à l’augmentation de l’output potentiel du pays. Face à ce problème structurel de taille, et dans la perspective d’une refondation de l’économie nationale, l’augmentation du taux de participation des femmes à la force de travail est un impératif stratégique incontournable. D’un plus grand rôle économique des femmes dépendra le futur du pays à charge pour les dirigeants de mettre en œuvre des mesures appropriées dans de nombreux domaines.

 

ÉMIGRATION

Quelle que soit la perspective, la migration apparaît comme un phénomène qui « travaille » la société où les migrants, absents physiquement, sont en fait « présents » non pas seulement parce qu’ils envoient de l’argent mais aussi parce qu’ils exercent de multiples influences sur les sociétés d’origine.  Donc, l’émigration joue un rôle important dans le développement économique, par les transferts de fonds, mais aussi dans le changement social, en fait, les flux migratoires affectent et modifient les mentalités et les pratiques. 

Le pays connaît un taux important d’émigration. En 2000, l’Algérie est le 15e pays du monde ayant fourni le plus de migrants, estimés à plus de 2 millions d’individus, soit une proportion de 6,8 % par rapport à la population du pays. La France abrite la plus importante communauté algérienne à l’étranger, estimée à un million de personnes, résidentes, les binationaux sont plusieurs millions, avec la descendance de la deuxième, troisième et même une quatrième génération. D’autres communautés importantes vivent en Espagne, au Royaume-Uni, au Canada et USA, en Allemagne, en Italie et en Belgique, mais aussi dans les pays du Golf depuis peu . Le taux de migration est négatif (-0,33 ‰), car le taux d’émigration n’est qu’en partie compensé par l’immigration de populations venues des pays du sud.  

La situation actuelle en Algérie,  avec des effectifs nombreux de jeunes à l’entrée du marché du travail, accroissement de la population active féminine et élévation du niveau d’instruction au sein des nouvelles générations, la fermeture du champs politique,  favoriseraient la migration vers l’Union européenne dont la population active diminuera de près de 4 millions entre 2010 et 2015, de 5,6 millions entre 2015 et 2020, de 7 millions entre 2020 et 2025, et de 9,3 millions dans les 5 années qui suivront. Le potentiel migratoire garde un niveau important car les effets de le taux de croissance de la population est toujours importante, et baisse de la natalité et de la fécondité sont toujours a amorcé une courbe descendante, mais reste lente. Les 20-40 ans représentent naturellement la tranche d’âge des candidats potentiels à la migration, c’est-à-dire des individus susceptibles d’élaborer un projet migratoire (concrétisable ou non). 

Le champs migratoire est marquée par des changements substantiels. Le niveau d’instruction de la population s’est considérablement amélioré, l’urbanisation ayant connu une croissance accélérée. Il en est résulté des changements considérables dans les profils migratoires. La première phase migratoire touche à sa fin (population rurale, analphabète et sans qualification se dirigeant vers les emplois du BTP et de l’industrie en priorité) au profit d’une nouvelle vague migratoire qui a commencé à se dessiner au cours des années 1980. Elle concerne prioritairement les populations urbaines scolarisées à différents degrés, avec une proportion de plus en plus grande de femmes prenant l’initiative de la migration. Les femmes émigrent de plus en plus seules, et empruntent  les mêmes voies que les hommes.

Aussi les migrants, s’orientant vers les emplois tertiaires privilégiant les services aux entreprises et aux particuliers . Les données statistiques relatives aux immigrants maghrébins enregistrés en France en tant que travailleurs permanents indiquent que 40 % des Algériens sont enregistrés comme des cadres, ingénieurs et techniciens.

Emigration et transformation sociales 

La migration opère des transformations de taille s’agissant des transformations sociales. Actifs ici, actifs là-bas : ils favorisent le vivre-ensemble ici et participent au changement social là-bas par la transmission de valeur. La double appartenance des migrants et de leur descendance leur confère cette capacité à être des acteurs pluri-appartenances culturelles, à la fois sur leur territoire de vie et dans leur pays d’origine qui modifient les structures sociales et font évoluer les identités, les attitudes ainsi que les normes et les pratiques.

L’émigration joue aussi un rôle politique important, depuis la période coloniale, principalement pendant la guerre de libération avec la fédération de France du FLN. Un rôle toujours actif et d’actualité constaté avec force pendant le mouvement populaire de 2019. Avec des démonstration de force en France, avec des grandes marche et des rassemblements qui ont drainé des dizainnes de milliers de personnes à Paris, Lyon et Marseille en 2019, aussi à Montréal. 

Il y a aussi partir en transgressant une règle matrimoniale fondamentale : celle qui interdit à une femme de prendre un conjoint frappé de prohibition religieuse. Epouser, réellement ou de façon fictive, un européen, et partir, n’est plus « la honte des hontes » :e, n’en déplaise aux règles d’endogamie religieuse qui interdisent ce type d’union. La femme est ainsi devenue un acteur autonome dans cet espace de mobilité transnationale.

Les structures socio-politiques

Subsistence du système traditionnel

Le système socio-politique traditionnel nord-africain qui repose sur la tribut et la confrérie religieuse a survécu à la colonisation française et continue à résister aux politiques publiques menés par l’Etat algérien indépendant. Ce système traditionnel, qui a disparu physiquement pour la tribu, et marginalisé pour les confréries continu à subsister d’une manière virtuelle et à jouer jusqu’à une période récente un rôle important dans la vie politique et sociale.

En effet, le démantèlement des tribus et l’asservissement des zaouias s’est effectué en Algérie entre 1830 et la Première Guerre mondiale, sans jamais parvenir à les effacer, anéantir ou les faire disparaitre complètement, est une réalité qu’on ne peut nier mais qu’on se doit de nuancer. Celui-ci s’est effectué de plusieurs manières : par destruction physique, par dépossession foncière, en discréditant les structures d’autorité traditionnelles et en imposant de nouvelles normes culturelles aux populations. 

Après l’indépendance les tribus ont définitivement disparus physiquement, un découpage en communes, Daira et wilaya réponds aux besoins de la gestion administrative de l’Etat les a supplanté. Ce qui subsiste est l’identité tribale, qui ne veut pas dire organisations tribales. Hachemaoui définit cette identité avec le concept de « tribalisme sans tribus ». Cette réalité abstraite non visible véhicule un sentiment fort d’appartenance combinant les valeurs de l’ascendance et de la solidarité. La persistance des structures traditionnelles dont les racines historiques remontent à la préhistoire,  continue à déterminer les attitudes, les opinions, les conduites, les actions et réactions non seulement de la classe politique, mais aussi de citoyens dont le conservatisme socio- culturel est omniprésent. En façonnant, un certain monde de pensées et de perception chez les individus, les segments parité sociale engendre et reproduit une sorte de mentalité collective communautaire, capable de survivre au niveau symbolique où réel.

Aussi les confréries religieuses, qui avaient une place de choix dans toutes périodes de l’histoire nord africaine, étaient mise en difficulté par la colonisation Française, car elles étaient le coeur de la résistance armée et symbolique. Premier foyer de résistance à la conquête coloniale, les français les avaient combattu avant de les soumettre et les utiliser comme un fidèle auxiliaire, ce qui a entrainé leur délabrement matériel, mais pas moral. Mise à l’écart depuis l’indépendance, durant les règnes successifs des présidents Ben Bella et Boumediène étant perçues par le nouveau pouvoir d’orientation socialiste comme symbole du féodalisme et de la société tribale, les confréries amorcent leur renaissance durant le règne de Chadli au début des années 1980 avant de refaire définitivement surface sur la scène politique algérienne à la faveur de l’arrivée de Bouteflika au pouvoir en 1999. Ainsi, quelque soit la forme et l’étendu ou le prestige, les confréries participent à la communalisation des sociétés locales. Ainsi en véritables réseaux, les confréries ont pu, asseoir et renforcer une certaine cohésion et un sentiment d’appartenance communautaire.  

Impacts sur les valaurs

La transformation sociale bouscule sur l’ensemble de la société les coutumes et les valeurs traditionnelles: la fonction sociale acquise où importé remplace les échelles de valeurs héritées. Les hiérarchies qui régissaient les rapports sociaux d’antan disparaissent sous le poids de l’éducation scolaire et universitaire, les migrations et l’exode rural, l’emploi permanent, la poussée démographique.

Les aptitudes à appliquer la coutume et les us disparaissent progressivement sous le poids culturel véhiculé par l’école, diffusés par les moyens de communications modernes, importé ou introduit par les immigrés. La société dite traditionnelle perd ses valeurs, sa vertu, et son organisation. Elle ne sécrète plus les substances vitales à son entretien, à sa reproduction ou en vue d’assurer sa pérennité. Nous nous focalisons dans ce travail sur deux valeurs traditionnelles centrales qui structurent la société traditionnelle algérienne, l’autoritarisme diffus et le communautarisme pour voir leur survivance ou pas dans le contexte du monde qui change.  

AUTORITARISME

Remise en cause de l'autorité

L’une des conséquences les plus importantes de l’évolution sur les rapports familiaux et sans conteste le fait que la socialisation et le contrôle des nouvelles générations incombent désormais principalement et directement au père et à la mère dans le cadre de la décohabitation des générations et des fratries mariées. Ces compétences relèvent de moins en moins de groupes familial, des clans et des communautés villageoises aux fractions tribales qui en avaient la charge collectivement par le passé.

Les structures sociales traditionnelles en Algérie sont caractérisé par deux sortes de hiérarchies : verticale (où les générations anciennes sont supérieures aux générations plus jeunes) et horizontale (basée sur la domination des hommes sur les femmes), s’ajoute, un troisième type de hiérarchie qu’on pourrait qualifier de “latérale”. Il s’agit de situations de domination femme / femme et plus spécifiquement de domination de la belle-mère sur sa bru. Cette hiérarchisation des rapports donne le caractère autoritaire des relations dans la famille, qui peuvent ont des répercussions politiques. 

Le changement dans les configurations des structures sociales ont un impact direct dans les rapports d’autorité avec la remise en cause du système patriarcal au sein de la famille. La remise en cause de la dominance du patriarche sur les rapports familiaux et son autorité favorise la désintégration de l’esprit autoritaire, l’une des valeur structurante dans la société. La perte d’influence du pater familias se mesure et se constate par plusieurs indicateurs. Le système patriarcal qui avait résisté à tous les assauts de la modernisation coloniale commencé à disparaitre sous l’effet des politiques publiques et économiques de l’Etat algérien postindépendance : 

  • La scolarisationet remise en cause de l’autorité parentale. 

Très peu d’études ont porté sur la différence d’éducation entre générations et l’impact qu’elle pourrait avoir sur la famille et son organisation interne, sur les relations parents-enfants et sur les rôles respectifs dans le fonctionnement de la cellule familiale. Or, il y a des périodes dans l’histoire d’un pays où la différence d’éducation entre générations est considérable. Notamment lorsqu’un pays, où l’analphabétisme est dominant, engage un processus de scolarisation massive, ce qui peut engendre des différences dans l’accès au savoir entre les générations qui a une conséquence direct sur l’autorité parentale. 

Entre générations, le différentiel éducatif se mesure par la différence du nombre d’années passées à l’école. Si en 1966, les hommes ont passé en moyenne 0,9 et les femmes 0,2 année dans le système éducatif, en 1987, vingt ans plus tard ils en ont passé respectivement 5,1 et 2,7 années. Autant dire que le différentiel éducatif est considérable entre les parents et leurs enfants qui ont atteint l’âge adulte. Ceux qui ont entre 25 et 29 ans en 1966, ont entre 46 et 50 ans, en 1987. Or, avec le recul de la mortalité et l’accroissement de l’espérance de vie à tous les âges, les générations coexistent et éventuellement cohabitent plus longtemps.

Cependant, par rapport au passé, un changement considérable est intervenu dans le domaine de l’inégalité devant le savoir. Dans une société où l’analphabétisme était presque général, cette inégalité était favorable aux parents, ils avaient l’avantage de l’expérience de la vie et des connaissances façonnées par l’oralité. L’autorité familiale est naturellement dévolue aux parents, dotés cependant d’un capital éducatif inférieur à celui de leurs enfants. Dans cette société traditionnelle la période de l’enfance est très courte (pour les deux sexes). Les garçons sont rapidement intégrés dans l’économie familiale et les filles (sensées représenter un danger pour l’honneur familial) sont mariables parfois avant la puberté. L’enfant (surtout le garçon) y est fêté, mais en même temps socialisé avec des méthodes qui n’excluent pas l’utilisation de la violence. L’autorité du père reposait sur la sagesse et les connaissances acquises par l’expérience, mais aussi sur la redistribution plus ou moins égalitaire des ressources familiales et du legs du patrimoine. Or l’espérance de vie est aujourd’hui plus élevée que par le passé; elle était inférieure à 45 à l’indépendance, elle est désormais de 77 ans  selon les dernières statistiques algériennes. La transmission du pouvoir (autorité) entre les générations se fait plus tard, alors que les conditions sont plus défavorables aux générations précédentes.  

Le développement de l’instruction et son élargissement aux filles ont produit de nouvelles générations plus instruites que les pères et aussi des filles souvent dotées d’un capital éducatif supérieur à celui de leurs frères; ce qui rend la domination masculine, relevant de l’ordre social, plus difficile à exercer et insupportable à un certain nombre de femmes.  

  • Le travail remise en cause de l’autorité parentale et du conjoint  

D’autre part, en plus d’un capital éducatif plus élevé, le développement du salariat donne la possibilité à certains jeunes adultes de moins dépendre du patrimoine familial lorsqu’il existe, ou du revenu paternel; sans aucun doute, dans ce cas de figure, l’accès au marché du travail dépend de moins en moins des seules ressources familiales. Qu’elle soit constituée en réseau ou qu’elle vive sous un même toit, du point de vue de ses ressources, la famille ne se reproduit plus sur le patrimoine familial. Ses revenus sont constitués désormais des salaires des fils, de l’épouse, qu’ils (elles) sont soient ouvriers dans une entreprise d’État, employés de commerce dans le privé, ou encore fonctionnaires. Cette érosion du rôle du père est accentuée par la crise économique qui lui donne une nouvelle dimension. Le père et mari «pourvoyeur de revenu»  a des difficultés à assumer ce rôle soit pour cause de chômage, soit pour cause de détérioration du pouvoir d’achat des revenus salariaux. 

Cette situation fait souvent perdre au père / mari son pouvoir de décision dans le budget familial. Le père garde toujours un pouvoir symbolique assez fort, mais le pouvoir réel lui échappe au profit de l’épouse ou de l’un de ses enfants qui s’impose – par ses qualités, par ses revenus et par ses relations avec l’extérieur -comme le chef de ménage. La concurrence pour la détention de l’autorité au sein de la cellule familiale est par conséquent plus vive et plus favorable aux jeunes adultes, ce qui accroît les tensions intergénérationnelles et, en définitive, ne peut que favoriser le processus de décohabitation des générations. En même temps que s’est avivée la concurrence entre générations, s’est exacerbée la concurrence pour l’accès aux ressources ou à l’emploi au sein d’une même génération, à l’intérieur ou en dehors de la fratrie. Il est évident que cette concurrence entre générations pour la détention de l’autorité et du pouvoir, pour l’accès aux ressources de toute nature ne peut que constituer des facteurs d’exacerbation de tensions au sein et en dehors de la famille, en d’autres termes au sein de la société.

  • Mariage tardif et contrôle de la fécondité et remise en cause du l’autorité du mâle 

Le passage d’un système matrimonial de mariage précoce à un mariage plus tardif, a comme conséquence immédiate le recul de la fécondité. Ce retour changement dans la fécondité

  • Nucléarisation des ménages et dislocation de l’autorité

Dans la société traditionnelles, la femme devenue belle-mère, acquiert des pouvoirs « masculins », se faisant le « contremaître » de l’homme, la gardienne des normes et de la culture patriarcale. L’organisation de la famille élargie est telle que la belle fille ne doit pas défier sa belle-mère, elle doit s’effacer devant elle et lui faire obéissance. Il y a dans les rapports belle- fille / belle- mère, une dimension d’âge qu’il faut considérer dans les statuts évolutifs des femmes. Deux groupes de générations s’affrontent : les jeunes et les moins jeunes. Les premières subissent les valeurs patriarcales et les dernières en sont les garantes et en tirent des pouvoirs. Le statut des femmes et leur rôle dans la famille est ainsi fonction de leur âge. Cette dynamique commence au lendemain du mariage où la femme se voit confier le rôle d’épouse, ensuite le rôle de mère et enfin un rôle de belle-mère et éventuellement de grand-mère.

La disparition de la famille traditionnelle élargie au profit de la famille nucléaire, change les rapports belle mère/ bru. La belle mère n’entretient pas de rapport d’autorité sur sa belle fille. La mère dans la famille nucléaire est peu 

  • Apparition de la femme dans l’espace public 

En Algérie, les différences entre les usages féminins et masculins des espaces publics sont habituellement considérées comme relevant de la domination spatiale et symbolique qu’exercent les hommes sur les femmes. Si les rapports de pouvoir et les conflits qu’ils sous-tendent restent utiles pour comprendre le caractère sexué de l’espace urbain algérien, ils ne permettent pas de rendre entièrement compte des transformations sociales induites par la présence grandissante des femmes hors des espaces domestiques où elles étaient traditionnellement confinées. Dans un pays traversé par des tensions politiques et sociales, cette recherche s’intéresse à l’expérience que font les femmes de l’espace du dehors et des nouvelles manières d’être et d’agir qui la caractérisent. 

L’ouverture des femmes sur les espaces extérieurs, remplacent progressivement l’homme dans la gestion des affaires familiales lesquelles auparavant relevaient uniquement de lui, est le phénomène le plus important dans la relation de la femme à l’espace urbain.
La modification des modèles familiaux traditionnels a en effet entraîné une redistribution des rôles au sein des ménages, et par conséquent, une redistribution de l’espace. C’est ainsi que l’investissement habituel des espaces sous la forme d’une ségrégation très forte entre les espaces masculins et les espaces féminins tend à se transformer. La mixité des espaces apparaît, et même un retournement dans l’investissement des espaces dans certains cas. Les femmes ne sont plus complètement exclues des espaces extérieurs, de même que les hommes ne sont plus écartés des espaces domestiques et des tâches qui leur sont assignés.

Conclusion 

Le processus graduel de dissolution du système patriarcal, le développement du chômage et l’acuité de la crise économique ont sapé les bases de l’autorité paternelle. Le différentiel éducatif entre les nouvelles et anciennes générations contribue aussi à rendre l’exercice de l’autorité parentale plus difficile. Le père se trouve ainsi progressivement désarmé devant les nouveaux problèmes que posent les comportements de jeunes adolescents qu’il ne comprend pas le plus souvent. La construction identitaire chez l’enfant puis chez l’adolescent se fait dans le contexte d’une société en transition où les relations de groupe qui étaient dominantes laissent progressivement la place aux relations privilégiant l’individu. Le père que nous pouvons caractériser comme le présent-absent perd très rapidement l’autorité que possédaient ses parents sur les adolescents et jeunes adultes, alors que dans le passé, l’émigré, par exemple, dont la famille était restée dans le pays était caractérisé d’absent-présent car son autorité continuait sous des formes diverses à s’exercer. L’autoritarisme dont fait preuve ce présent-absent ne bénéficie plus de la légitimité ancestrale résultant de structures familiales restées immuables pendant des siècles.

Quand vous contestez l’autorité de votre propre père, vous n’allez pas tarder à contester l’autorité du chef de l’Etat, souvent un président à vie. La remise en cause du patriarcat et l’autorité du patriarche dans la famille aura comme conséquence direct sur l’autoritarisme dans la société avec l’émergence de l’individu comme acteur social autonome. Voir le dossier consacré au système politique en Algérie. (par ici) 

Cette prise de conscience des jeunes générations urbaines est revêtue d‟une sorte de non reconnaissance ou de l‟insoumission à l‟égard de l‟instance familiale garante des valeurs tribales anciennes. Cette rupture envers l‟autorité parentale peut-être distinguée en deux facteurs en cours, la première se définit par la contrainte d‟une séparation
résidentielle des ménages, et la deuxième, le jeune adulte à l‟ occasion
d‟avoir des connaissances antérieures qui lui offre une possibilité de
s‟informer davantage de son futur conjoint.

Impact sur la religion et la sécularité 

Cette 

 

COMMUNAUTARISME

Le tribalisme sans tribus

Les politiques publiques a conduit à un puissant processus de dissolution du système patriarcal et a mis à mal les solidarités communautaires qui se construisent et se maintiennent sur la base des structures traditionnelles. 

Les clans et les tribus soubassement de l’organisation de l’ordre traditionnel ne sont plus que des réalités virtuelles. L’organisation socio-politique et socio-économique qui par le passé avait permis la pérennité de ses structures sociales a été mise à mal par l’effet des politiques publiques avec l’élargissement du salariat et de la monétarisation de l’ensemble de l’économie. Mise à mal pas complétement disparu, d’où la survivance dans la société de l’esprit communautaire, des réseaux de solidarité parallèle à ceux mis par les institutions de l’Etat. Cette survivance est visible par un nombre d’indicateurs : 

Maintien du mariage endogame :

Considéré comme un élément fondamental dans le renforcement des liens claniques et tribaux, le mariage endogame a résisté au vaste mouvement d’urbanisation en cours. Les mariages entre cousins sont fortement l’apanage des populations des zones rurales et de celles ayant un niveau d’instruction  

Maintien de l’esprit tribal dans le politique :

L’hypothèse de M. Hachemaoui est qu’au-delà de cette désagrégation le « tribalisme sans tribu » – c’est-à-dire réduit à des codes, des symboles et des significations partagées – reste le langage social et le mode de représentation dominant de la société algérienne. 

 phénomène tribal illustre une oscillation entre disparition de la tribu après la construction nationale et coexistence séculaire du phénomène tribal et étatique.

Echec du projet national 

Echec en partie du projet d’Etat-nation. Le nationalisme post-indépendance dans son projet de construction de l’état-nation à relativement échoué dans ses tentatives de remplacer les liens traditionnels par un lien national reposant sur la citoyenneté, élément fondamental de la construction de la modernité. C’est ce qui a ouvert la voie à l’islam politique qui a comme perspective de reconstruire les liens sociaux à partir de l’utopie oumma  

ESPACE PUBLIC

Emergence d'un espace public renouvelé

L’espace public est aussi soumis à la dualité moderne/traditionnel. Le concept d’espace public semble constituer désormais une catégorie importante dans la compréhension des phénomènes d’expression dans ces contextes en mouvement que représentent les sociétés maghrébines. Sa première définition renvoie à l’existence de lieux de rencontre d’individus, de débat d’opinions mais aussi de croisement de façons de faire. Toutefois, sa première acception qui renvoie à la possibilité d’apparition de sphères de discussion rationnelle dont l’ambition première est l’entente communicationnelle, devient un objectif de lutte dans ces sociétés.


Que l’on se réfère à la conception arendtienne qui envisage l’espace public comme lieu de négociation, de confrontation ou un lieu de communion ou ; l’habermassienne qui l’approche comme un lieu de débat et de discussion publique qui fait appelle à la raison, l’espace public semble se conjuguer au pluriel dans l’Algérie d’aujourd’hui. De l’espace public politique à l’espace public médiatique, en passant par les sphères d’expression contestataire , ce concept s’impose désormais comme une catégorie incontournable dans l’approche des relations sociales en Algérie. Or, certaines de ces sphères provoquent le conflit avec le pouvoir politique lorsqu’elles ne rompent pas la relation tout simplement, le cas des espaces contestataires, à l’égal du mouvement pour le changement en Algérie.

Conclusion

Au terme de l’étude et l’analyse de l’évolution des différents indicateurs démographiques et les déterminants socio-économiques, il ressort que la société algérienne est en mutation continue, avec des changements spectaculaires et des bouleversements profonds au niveau des différentes structures sociales. Cette mutation a été approfondi depuis l’indépendance dans la mesure où elles a accéléré la déstructuration des groupes sociaux traditionnels amorcée sous la colonisation, sous l’effet des politiques publiques économiques ou sociales. Ainsi l’Etat a libéré en grande partie la famille et l’individu des carcans tribaux, des contraintes confrériques et de la suggestion clanique de la famille élargie. 

De toutes les politiques publiques, la généralisation de la scolarisation, principalement des femmes, reste le principale facteur accélérateur des transformations sociales en Algérie. En tant que variable, elle n’est probablement pas étrangère aux changements enregistrés dans la démographie algérienne (mortalité infantile, fécondité, nuptialité). Mais fondamentalement, par une scolarisation de plus en plus large et la prolongation de sa durée, l’école en dissociant le savoir et le pouvoir au sein de la famille a été un facteur puissant de dissolution des relations familiales traditionnelles. L’élargissement de la scolarisation aux filles a favorisé la présence des femmes dans l’espace public et posé non seulement le problème de leur plus grande intégration dans le marché du travail mais aussi de l’égalité des sexes à tous les niveaux de l’organisation politique et sociale. 

Nous avons affaire donc à des phénomènes démographiques importants qui ont modifié d’une manière durable les structures anthropologiques de la population héritage du passé si lointain, aussi ils ont participé à la destruction totale où partielle des liens sociaux séculaires existants. Ces phénomènes de dislocation se déroulent dans des temps beaucoup plus courts que ceux qu’ont connus dans d’autres pays. En effet, le processus de transformation des différentes société qui sont rentré dans la modernité politique s’est fait sur plusieurs siècles, comme c’était le cas en Europe par exemple. Non seulement il s’agit d’un phénomène universel et inéluctable mais, quelle que soit l’hétérogénéité des situations démographiques, il est lourd de conséquences économiques et sociales. C’est un chemin inéluctable vers la modernité politique et social et l’Algérie et l’Afrique eu Nord en général ne peuvent pas faire exception. 

Ces changements structurels de long terme induisent une modification profonde dans les structures sociales traditionnelles qui se répercutent sur les comportements des individus en terme de choix de vie (mise en couple, emploi, ménage et habitat, immigration et émigration…) mais aussi dans leur processus de construction identitaire, les rapports à la femme, les relations parents – enfant, etc…se pose ainsi la relation de l’individu au groupe familial et communautaire, les relations intergénérationnelles, avec la remise en cause des valeurs traditionnelles principalement l’autorité et le communautarisme avec l’émergence de l’individu comme un acteur social et politique autonome. Ces mêmes changements influent sur la place et le rôle de la religion dans la société avec l’accélération du processus de sécularisation.

Ce processus de dissolution connaît aujourd’hui un nouvel approfondissement, c’est ce que montrent les données de l’analyse en 2022 des différents indicateurs, indices et les déterminants démographiques et socio-politiques nous avons analysé :

  • Au niveau de la transition démographique : 

L’Algérie commence à peine à rentrer dans la phase finale de la transition démographique avec l’amorce de la baisse du taux de fécondité. 

  • Au niveau de la structure de la population 

La caractéristique principale de la population algérienne est l’importance de la proportion des jeunes. La population âgée de moins de 30 ans représente plus de la moitié de la population totale. La fraction de la population âgée de 15 à 24 ans, des individus qui entrent dans la vie adulte, et celle dont les besoins pèsele plus lourdement sur la société. Ses besoins en formation, en instruction, en emploi et en logement (nucléarisation de la famille) accentuent les tensions sociales. Les projections démographiques indiquent une hausse de la population à partir de 2030 pour pratiquement converger vers la situation des pays de la rive nord de la Méditerranée vers 2050. Il en découle une période où les besoins sont multiformes et les risques de tensions politiques élevés, si le contexte économique est défavorable. 

Le caractère jeune de la population algérienne, principalement la frange âgées entre 15 ans et 25qui ont la particularité d’être socialement actives et politiquement potentiellement mobilisable sur le plan politique, avec l’importance de ses besoins multiformes, en éducation, santé, loisirs, travail risque de causer des tensions politiques élevés si le contexte économique est défavorable. En 2019, la frange de cette population s’est mobilisé sur plusieurs moi dans la rue pour demander le changement, avec le fameux mardi des étudiant. 

  • Au niveau de la famille : 

En dépit des étapes relativement avancées de la transition démographique que traverse la population algérienne, la conjoncture économique défavorable et la crise sévère que connaît le marché du logement n’ont guère favorisé l’achèvement du processus de nucléarisation des ménages (c’est à dire une famille constitué de deux parents et enfant). La régression des tailles des ménages qui aurait pu résulter des importants reculs qu’a connu la fécondité a vu son effet contrecarrer par les retombées économiques et sociales de ces facteurs. Désormais, au lieu d’assister à l’éclatement des ménages de grandes tailles et à la formation plus fréquente de ménages de tailles réduites, c’est plutôt le phénomène de cohabitation des familles qui prend de l’ampleur favorisant ainsi la densification des ménages et l’élargissement de leur dimension. Donc, in fine structurellement la famille algérienne est un mélange entre les familles élargies et les familles nucléaires, les familles nucléaires vivent avec cohabitation avec la grande famille dans le même ménage.

C’est. ainsi que la thèse dualiste qui fait de la famille nucléaire et de la famille élargie deus entités séparées, correspondant chacune a deux types d’organisation économique bien définies, ne saurait se justifier dans la société algérienne. Mais la trajectoire qui commence à se dessiner est l’émergence de la famille nucléaire, comme le modèle dominant. L’augmentation de la proportion de ménages nucléaires ne peut pas être sans incidence sur les structures familiales et leur fonctionnement, mais pour se faire, elle est doit être la structure de base de la société algérienne.

Avec la baisse de la fécondité (en cours), la domination de la famille nucléaire va s’imposer comme le modèle dominant. Par contre l’acheminement dans les années à venir vers un régime démographique dominé par la famille nucléaire proche, du moins par sa dimension, du modèle occidental. Elle le serait très probablement par ses rapports familiaux dans la mesure où le contrôle de leur fécondité par les femmes elles-mêmes, indique l’affaiblissement du pouvoir du groupe de parenté au profit d’une logique d’autonomisation des familles et des individus. De surcroît, en diminuant considérablement la taille de la fratrie, la baisse importante de la fécondité va réduire sensiblement les possibilités de rapport hiérarchique entre frères et sœurs. Cela signifie l’ébranlement du système patriarcal qui prédomine jusqu’alors la famille algérienne. Par ailleurs, la réduction effective de la taille de la famille modifie indubitablement les relations affectives entre conjoints aussi bien qu’entre parents et enfants.  

A la famille hiérarchique, caractérisée par l’autorité incontestée de l’époux ou du père, se substitue un autre type de famille plus égalitaire où la gestion des affaires familiales n’est plus exclusive de la gente masculine.
Le modèle des rapports conjugaux qui autrefois était fortement hiérarchisé, avec une domination maritale est en train de régresser au profit d’un modèle beaucoup plus souple où la solidarité entre les conjoints occupe une place importante au sein du couple

  • Au niveau du mariage 

La nuptialité a joué un rôle déterminant dans la transition démographique algérienne, le relèvement de l’âge au mariage des femmes a été le facteur principal dans le démarrage et la poursuite de la seconde phase de la transition démographique. Le ruptures d’union vont dans le même sens si le taux de divorce est élevé et le mariage remariage des femmes difficiles, il s’ensuit que des femmes en âge de procréer sont socialement dans l’impossibilité de contribuer à la fécondité générale.

Ainsi, l’un des éléments, parmi les plus importants, pour juger de la condition féminine dans les transformations familiales est, en Algérie, le statut du mariage et les conditions de la formation du lien matrimonial. Ainsi, de tous les changements que traverse la société algérienne,  c’est l’institution du mariage qui subit de loin les plus forts bouleversements. D’un mariage précoce, la société est passée en 40 ans à un mariage à la trentaine pour les femmes, encore plus lorsque ces dernières sont instruites. Les écarts d’âges entre conjoints se réduisent augurant d’un meilleur rapprochement des conjoints, puisque les hommes autrefois dominaient de plusieurs années leurs épouses. Cette hausse spectaculaire de l’âge au premier mariage ne s’est pas limitée aux grandes villes et métropoles du pays. Ces changements sont liés dans un premier temps à l’expansion de la scolarisation qui prolonge la durée des études et par voie mécanique retardent le moment d’entrer en union. Mais bien plus que cet effet de retard mécanique, l’instruction entraîne aussi un fort désir d’émancipation des femmes qui aspirent de plus en plus à choisir librement leur futur conjoint, et surtout à réaliser une carrière professionnelle avant de se marier. Les jeunes couples aspirent de plus en plus à vivre en famille nucléaire, mais avec la crise du logement, certains vont finir par se marier et habiter chez les parents du mari et les autres vont rester célibataires longtemps.

Ainsi, tout en restant au centre de toute l’organisation des rapports entre les individus et la société, l’institution du mariage, longtemps valorisée comme contrainte sociale, a subi ces dernières décennies de profonds changements au point de parler d’une véritable « mutation ». Quels changements peut-on alors observer dans le statut et la place des femmes ? Que devient notamment l’image de la femme célibataire adulte qui était autrefois si dévalorisée ? Le célibat est-il désormais accepté socialement aussi bien pour les hommes que les femmes ?

  • Au niveau du Statut de la femme 

Les évolutions familiales ont conditionné le statut des femmes, qui se retrouve généralement au centre de tous les changements sociodémographiques. Le statut et la place de la femme dans la famille et dans la société, considérée comme un déterminant fondamental dans les changements des comportements reproducteurs. En effet, les études prolongés et le choix de faire carrière professionnel ont plusieurs répercussions sur les structures familiales et leur fonctionnement, qui se répercutent sur l’ordre social en général. 

L’indicateur principal qui a contribué au changement de la condition de la femme, est la généralisation de l’instruction, principalement après l’indépendance ou l’Etat algérien a ouvert et encouragé la scolarité des garçons et des filles. Le système éducatif a non seulement créé les conditions au développement de la mixité dans l’espace public, mais il a contribué, aussi, à ébranler les bases de l’organisation familiale traditionnelle et la place de la femme dans les stratégie matrimoniales et son impact sur le système nuptial, avec le passage d’un système matrimonial à mariage précoce des femmes à un autre à mariage tardif. Le relèvement de l’âge au mariage joue un rôle considérable dans le recul de la fécondité des femmes algériennes, et par la suite dans la décélération de la croissance démographique. Ce qui donne des implications considérables sur les structures et relations familiales en posant le problème de la gestion de la sexualité féminine dans le cadre d’un célibat prolongé son rôle au sein de l’espace privé de la famille comme épouse et maman avec le contrôle de la fécondité, aussi d’une manière plus large son apparition dans l’espace public comme acteur économique, social et aussi politique. 

Si l’on admet que le contrôle de la fécondité provient d’une prise de conscience de leur rôle par les femmes, il est alors certain qu’elles vont parvenir à s’imposer au sein du couple comme un partenaire à part entière qui a son mot à dire sur le nombre d’enfants désirés. Ainsi, en se réappropriant leur fécondité, les femmes sont sorties de l’espace de la domination masculine pour gagner dignité et estime. Désormais, les relations établies au sein de la famille sont fondées sur le dialogue et le respect réciproque, avant de gagner en égalité en droit dans la société.  

Leurs évolutions réelles sont loin de correspondre aux changements législatifs, ils ne font souvent qu’accompagner les grandes évolutions démographiques comme peut l’attester l’évolution de l’âge moyen au premier mariage. Ainsi, les femmes algérienne ont réussi à modifier leur situation dans la vie familiale et sociale en dépit de lois et de règles qui ne leur reconnaissent pas l’égalité des droits avec les hommes. Certes, elles sont encore loin de vivre un rapport égalitaire avec leur conjoint, mais les progrès notables qui ont permis aux jeunes générations de réduire assez vite leurs écarts avec les hommes, laissent penser que ces changements sont possibles et qu’ils ne tarderont pas à émerger. Nous pouvons, en conséquence, penser que la famille constitue le lieu où les femmes ont réussi à ébranler l’ordre patriarcal et, par là-même, à équilibrer les rapports de genre. Elles refusent, ainsi, de jouer exclusivement le rôle d’épouse soumise et de mère de nombreux enfants. La plupart d’entre elles sont pour l’égalité des droits entre hommes et femmes dans l’accès à l’éducation, à l’emploi et dans le choix du conjoint. Ce sont surtout les plus jeunes et les plus instruites d’entre elles qui aspirent à une égalité entre les sexes aussi bien dans le domaine familial que dans le domaine socio-politique, même si le contexte politique et juridique ne s’y prête pas pour le moment.

  • Au niveau des structures traditionnelles socio-politiques 

Les structures traditionnelles d’organisation de la société, ont disparu au profit d’un découpage administratif qui ne prends pas en considération les frontières tribales et les propriétés familiales. L’ordre social ancien qui avait permis la pérennité de ces structures sociales, a volé en éclats sous l’effet d’un puissant processus de sécularisation et de dissolution du système patriarcal, tribus, clans et des communautés villageoises, soubassement de l’organisation de la société traditionnelle, qui ne sont plus que des réalités virtuelles aujourd’hui. Les réseaux traditionnels de solidarité et d’alliance construit au tour des tribus et des confréries religieuses disparaissent au profit des structures sociales et politiques modernes, comme les institutions de l’Etat, les associations ou les partis politiques. Ce qui a permit une extraordinaire évolution politique, mais qui reste incomplète de part la survivance des résidus super structurelle des valeurs traditionnelles, comme l’autoritarisme et le communautarisme, qui entrave et freine non seulement le développement politique mais aussi le développement socio-économique et technique du pays. 

En effet, une société segmentaire fonctionne par une décentralisation du pouvoir ce qui constitué un obstacle quasi insurmontable au développement politique, qui implique l’unification de la société et là centralisation de ces institutions politiques et administratives. En effet, la prédominance d’une dialectique de solidarité et d’opposition alternée entre d’innombrables segments  et sous segments sociaux qui la constituent, la paralysé et l’empêche de s’unifier.

  • Ruralité / Urbanité (immigration interne, habitat)

Les changements démographiques, les transformations économiques et sociales ont pu modifier profondément les conditions de vie et d’habitat des algériens. Elles ont, sans nul doute, eu un impact important sur les structures et les relations familiales. 

Cette urbanisation graduelle de la ville de Tizi-Ouzou survient ainsi de manière conjointe avec une détribalisation qui elle-même s’effectue graduellement mais inévitablement. Les formes tribales de l’existence quotidienne sont rationnellement inconciliables avec la contemporanéité urbaine, économique, culturelle, marchande, politique, bureaucratique et légale (juridique). Cependant, l’existence sociale urbaine contient pratiquement le signe distinctif de la structure sociale villageoise (tribale) ancienne. Cette influence traditionnelle est significative à cet effet, compte tenu que la société urbaine Tizi-Ouzéenne issue généralement des villages montagnards.

Envahi par une pulsion ou un processus qui n’évite aucune société de la planète terrestre, l’Algérie s’urbanise promptement (au plus vite).

La prévalence  du mécanisme ou des valeurs individuelles et conjugales sur les normes et valeurs parentèles amène à la restructuration ou la recomposition sociale et familiale, par l‟établissement de foyers familiaux étroits et axés sur les ménages nucléaires ou conjugaux. 

dans un environnement urbain défini par de nouvelles usages et règles de conduite, de nouvelles façons d‟agir, de nouvelles inspirations, 

, il est important de souligner la survivance, en dépit de la révolution des modes de vie urbains, d‟une certaine organisation de parenté étendue, par regroupement dans une seule habitation ou quartier résidentiel de plusieurs générations et collatéraux.

  • Au niveau de l’emploi

Dans l’analyse de la structure de la population, il en résulte une augmentation considérable de la population active. Les projection statistique  sur les prévisions démographiques pour la période 2030-2040, Montre l’importance des effectifs à l’entrée du marché du travail point chaque année il y aura 700000 de nouveau demandeur d’emploi En Algérie.

il est évident que l’emploi est généré par le niveau d’investissement et par le niveau de croissance de l’économie.

Cette situation est encore plus hé plus préoccupante que hé les nouvelles générations je prends un niveau d’éducation plus élevé que celui des générations antérieures et que les possibilités d’emploi sont généralement moindres du fait de la conjoncture économique mais aussi de la démographie

Au niveau de l’Etat nation : 

Le déficit plus ou moins grand de légitimité du politique de l’Etat national n’a pas permis aux formes de régulation sociale véhiculées par les dispositifs législatifs de se substituer aux formes de régulation traditionnel qui régulait la vie sociale. Le nouvel Etat national ne jouissait pas d’une légitimité suffisante pour que le processus d’intériorisation des nouvelles normes sociales soit mené à son terme. Il est évident que l’action des instruments étatiques de politique publique aurait pu amortir partiellement où totalement le choc et les traumatismes engendrés par les changements enregistrés dans la société salon que  les processus de dissolution des structures traditionnelles ont eu un caractère plus ou moins rapide.

L’émergence des mouvements islamistes a mis en évidence l’incapacité des dirigeants politiques à mettre en place les politiques et les instruments de contrôle qui auraient pu faciliter à accélérer les pronostics de restructuration en cours dans la famille et la société. 6 qui explique fondamentalement les succès relatifs de l’islamisme politique auprès des couches moyennes inquiètes des risques de paupérisation et des couches les plus déshéritées de la population qui voit dans l’impossible revitalisation des structures sociales et familiales passées comme unique recours face à leur désarroi économique, social et psychologique.

  • Sécularité 

Malgré la crise religieuse,  la religion continue d’exister chez les citoyens des pays les plus sécularisés, en creux, c’est-à-dire comme un vide qui continue d’influencer certains comportements. En d’autres termes, les individus, qui n’ont plus la foi, en gardent cependant les valeurs et les structures de comportement de manière inconsciente. 

Le phénomène universel de chute de la fécondité, traduit la chute de la pratique religieuse ou en tous cas la chute de l’influence de la religion dans la vie quotidienne (toutes les religions encourageant la procréation et la soumission à la volonté divine en la matière). Cette chute de la croyance religieuse laisse le champ libre à des croyances de substitution comme par exemple les idéologies politiques. 

Le débat sur le  variable religieuse (interprétation littérale des textes coraniques où discussion et adaptation) avec la possibilité ou non de concilier islam laïcité et démocratie  

Conclusion 

Nous pouvons conclure que malgré l’état très avancé de la transformation de la société algérienne, il y a persistance les valeurs de l’ancien modèle,  pour la seule et unique raison que les transformations sociales abordées dans ce travail bien qu’en cours ne sont pas suffisamment fortes pour ébranler la vision du monde et des relations sociales (l’univers mental pour faire court) à la base du modèle traditionnel, principalement au niveau des valeurs : 

  • Persistance de l’autoritarisme dans la société et en politique avec son caractère diffus
  • Persistance du caractère communautaire, avec son pendant le tribalisme
  • Persistance de la religion dans sa dimension de religiosité avec son caractère ostentatoire très visible 

Ainsi, paradoxalement, tout ce qui participe au symbolique (place des sexes, patriarcat, normes culturelles…) ou relève du juridique (Code de la famille, diverses instances du droit…) reste marqué par une anthropologie relevant du modèle ancien, patriarcal et patrilinéaire.

A mon avis il ne faut pas trop verser dans le pessimisme. je considère en effet que la prise en compte de la variable de l’ordre social et les changements qui s’y produisent, dans les réflexions sur les dynamiques politiques présente un intérêt non négligeable, et semble permettre d’expliciter nombre de phénomènes qui se présentent sous nos yeux et permet de prolonger considérablement l’horizon des questionnements sur les dynamiques politiques sur du temps long.Les processus de restructurations indispensables au bon fonctionnement du vivre-ensemble sont beaucoup plus lents à se mettre en place.

Dans le cas de l’Algérie, le poids des transformation et leur accélération dans des temps très court, comparativement aux expériences vécues dans d’autres sociétés, crées des situations de peurs, et de résistance et de crispation sur les valeurs traditionnelles. Vaut mieux s’accrocher à ce que je connais que de prendre le risque de rentrer dans l’inconnu. C’est une forme de résistance à la modernité qui s’installe, d’où les crises identitaires avec les conséquences quasi inévitables pour une fraction non négligeable de la population avec retour aux religieux et le recours aux religieux parfois dans une expression radicale extrémiste .

Beaucoup d’éléments nous poussent à l’optimisme :

  • Autonomisation des jeunes d’adultes des deux sexes vis-à-vis du groupe familial  et l’émergence de l’individu algérien comme acteur social et politique autonome
  • La nucléarisation progressive de la famille et son éloignement des contraintes du groupe familial, clanique où tribale, la famille nucléaire véhicule des valeurs d’égalité et de liberté. La descendance restreinte impliquant des parents agissons pour la promotion individuelle par l’école  
  • Les modifications de rapport de force intergénérationnel et intragénérationnelle  

 

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